Allez au périphéries
PERIPHERIE ce qui est apporté autour, et donc pas au centre.
Un mot redécouvert avec le point de vue du pape François. Ce dernier ajoute
tout de même un adjectif « existentiel » qui permet de mieux cerner
l’objet ainsi visé. Toutes les périphéries existentielles sont des lieux où les
humains n’ont pas les mêmes moyens que les gens du centre, ceux qui peuvent
facilement faire car tout est à portée. Périphéries sociales, économiques,
psychologiques, urbaines, rurales, etc. L’observateur en périphérie regarde le
centre et ce qu’il y a autour de sa périphérie plus concrètement que l’habitant
du centre, qui pour voyager a besoin d’une raison, d’un concept, d’une idée. La
périphérie renvoie donc à une singularité, un relief, un angle, un coin
d’humanité enraciné quelque part concrètement, en recherche de liberté, de
communion, de paix. Le missionnaire en périphérie est un petit humain qui vient
souvent du centre et qui avant de donner les moyens de faire rejoindre le
centre doit d’abord perdre ses moyens par la voie de l’étonnement de la
disponibilité à la rencontre à ce que la culture du centre n’offre pas ou plus.
Et quand le cœur est bien imbibé de ce sang neuf résultant de l’étonnante
hospitalité de ceux d’ailleurs, il peut revenir à la maison mais pas comme
avant. Un morceau de chair est resté accroché là-bas dans le verger des mains
ouvertes. Et il apporte une tranche de vie comme un fruit du voyage à ceux du
centre en attente de nouveauté. C’était le Pape argentin qui débarque à Rome
par exemple. Et quel effet sur l’Eglise Catholique ! Mais la saveur
de simplicité est restée dans la bouche du visiteur importun. Et il ne peut
s’en défaire sans repartir à nouveau. Il ne le sait pas encore, mais il devient
un pont, de rencontre en rencontre la périphérie devient une déviation puis une
route et enfin un boulevard pour le peuple joyeux. Situation semblable au
retour des juifs à Jérusalem. Ils étaient des intellectuels exilés. Ils ont
profité d’être en périphérie babylonienne pour écrire leur histoire et chanter
la nostalgie d’une Jérusalem qui dépasse le temps et l’histoire même des juifs
eux-même. C’est dans la diaspora que Dieu est devenu le refuge, le bouclier. Et
l’occasion de remonter à la Capitale donna les plus beaux chants d’espoirs du
psautier. Mais, oui quelle joie quand on m’a dit nous irons à la maison du
Seigneur, la maison ! rentre chez toi, ta foi t’a sauvé ! Retrouve
les tiens mais pas la vie d’avant ! Avant c’était bien dit-on si souvent,
la vie d’avant était si agréable avant d’avoir été envoyé de gré ou de force
vers une périphérie. Il y a des quartiers où on ne fait que passer en se disant
« pourvu que je ne tombe pas en panne dans cet endroit mal famé ». Et
d’autres où l’on s’arrête comme un touriste. D’autres encore où on va vivre
chez l’habitant même pour une nuit et là ce sera certainement décisif. On a été
dans la périphérie parce que la première périphérie est dans la chambre d’à
côté. La périphérie n’est pas une question de géographie car dans bien des
familles la périphérie est au centre de l’existence : cet enfant avec un
handicap, cette feuille de salaire qui ne vient pas, cette catastrophe
naturelle ravageant le champ, cette épidémie qui me clou chez moi. Chez moi ?
Évidement je me rends compte que je ne suis plus vraiment chez moi quand on me
force à y rester.
Très belle méditation. Merci.
RépondreSupprimer