vendredi 7 août 2020

Le réseau d'école de brousse, une oeuvre mobilisatrice assomptionniste à Madagascar

 Le réseau d’école de brousse

9 juillet 2020. C’est ma première visite d’écoles de brousse. En compagnie du Père Daniel Carton, du Père Aristide, de Monsieur Roger et d’un nouveau professeur prenant ses fonctions en ce jour, nous avons réalisé 100 km de pistes depuis Fotadrevo pour rejoindre le village de Ambalavato. Ce village au nom significatif (en bas de la longue pierre) se trouve à quelques dizaines de kilomètres des premiers massifs de l’Isalo, là où débutent les premiers versants des hauts-plateaux. Nous sommes encore bien au Sud, mais dans une région encore plus isolée que celle d’Ejeda car enclavée par l’Onilahy, un cours d’eau dont le seul pont est à plus de cent kilomètres. Le village est entouré sur des kilomètres de terre asséchée et sans ressources exploitables directement par les locaux.

Le départ est pour 6h du matin. En ce matin d’hiver la fraîcheur est de mise et les premières lueurs du jour sont timides. Pendant les quatre heures de routes le paysage atypique de la brousse se révèle et s’illumine dans un silence que seul le bruit de notre 4x4 vient briser. Arrivé au village, les enfants s’attroupent curieux et craintifs autour du véhicule. Les maisons sont des huttes, un seul bâtiment de l’Etat et surtout aucune école. C’est pour cette raison que notre délégation se rend sur les lieux. L’Assomption répond depuis plus de quarante ans aux demandes des habitants souhaitant l’installation d’une école primaire. Le jour de marché est le seul événement hebdomadaire dynamique d’un mode de vie agricole et pastoral.

Comment se met en place l’installation d’une école ? 

Le chef de village et des parents d’élèves commencent par adresser une lettre au père demandant une première rencontre pour le commencement d’une école ou pour une église (souvent l’église vient en deuxième, le besoin principal étant l’alphabétisation). Puis, le réseau d’école de brousse tenu par les assomptionnistes, cherche un professeur. Pendant ce temps, les parents des futurs élèves récoltent les fonds pour des premiers frais d’inscriptions. L’étape à laquelle nous assistons ce matin est donc celle où le professeur est introduit (avec sa compagne) dans le village pour s’y installer et commencer les cours avec une première classe de niveau élémentaire. Si l’expérience porte des fruits, d’autres classes ouvrent avec de nouveaux professeurs. Les élèves pourront rejoindre un collège dans une ville plus proche et s’ouvrir ainsi à la possibilité d’étudier plus longtemps. Ce schéma est idéal. Il arrive souvent que des écoles ne durent pas pour des raisons diverses fortement relié aux contraintes de la vie rurales. A ce jour l’Assomption est responsable d’un réseau de plus de trente villages comportant écoles et ou églises. Les constructions d’écoles prennent du temps et c’est souvent sous le grand arbre que se font les premiers cours. L’association donne un salaire aux professeurs et offre le matériel d’écriture. Seuls restent les frais d’inscriptions à payer une fois avec des frais moindre pour le démarrage.

? Le premier objectif pour les petits villages est donc l’alphabétisation qui est bien souvent inexistante. Les gens vivent d’une agriculture vivrière (manioc et féculents), de l’élevage (zébus et chèvres) n’ont aucun système de santé, ne boivent pas d’eau propre et dépendent totalement de la saison des pluies. L’éducation est donc vu comme le seul espoir de développement.  

Qui sont les missionnaires ?

« Mopera » : Le père Aristide est un homme robuste et infatigable chauffeur. Il officie prioritairement comme curé à Ejeda. Les écoles de brousses et le développement des Eglises (fiangonana) occupent le reste de son apostolat. Il réalise deux tournées par an et par village dans un périmètre de 200 km pour le village le plus éloigné. Pour faire le lien avec la direction diocésaine de l’enseignement, il se rend plusieurs fois par mois à Tuléar. Autant dire qu’Aristide ne compte ni le nombre de kilomètre, ni les nuits en brousse.

Le Père Daniel, français, en mission à Madagascar depuis 50 ans, fait autorité par son âge et sa parfaite maitrise de la langue locale. Le réseau d’école est une de ses principales missions depuis 40 ans avec l’animation de la Province et l’amélioration technique des communautés (pompes et panneaux solaires, châteaux d’eau, plans et architecture). C’est aussi un homme de foi très assidu à la prière et soucieux du bien-être de ses frères en communautés. Il passe une grande partie de son temps dans son pick-up pour chercher du matériel de construction à Tuléar et le livrer à l’atelier de menuiserie d’Ejeda qu’il gère avec toutes ses autres responsabilités (comme supérieur, curé et formateur). Autant dire que le père Daniel est toujours impliqué dans la bonne marche du réseau d’école et de bien d’autres choses dans la Province.  

Enfin il y a Mr Roger.  D’un corps massif et bien bâti, il cache derrière sa force un large sourire et des yeux pétillants bien que cernés de fatigue. Naturellement réservé, Mr Roger à la parole efficace et n’aime pas perdre son temps. La motivation qui l’habite s’exprime par les longs voyages qu’il entreprend. Il sillonne la brousse sur sa moto cross flambant neuve pour récolter les frais d’inscription, feuilles d’examens et surtout pour se rendre disponible aux situations particulières des habitants et au suivi du professeur. Mr Roger est un grand et fidèle serviteur de la cause, un vrai laïc de l’Assomption qui s’engage généreusement. Il est le soutien indispensable sur lequel le Père Aristide, fort occupé par la partie « fiangonana », peut s’appuyer.

A tous les trois, ils forment un cercle de responsabilités efficaces et dynamiques rendant le réseau vivant et en pleine expansion malgré l’aspect chronophage de la tâche. Je rentre de cette première excursion avec le sentiment d’avoir partagé et contribué à cette belle œuvre mobilisatrice. Je rentre aussi plein de poussières et d’images qui me resterons longtemps en mémoire : je vois encore le chef de village, l’air abattu, nous dire que les enfants boivent de l’eau sale et ne peuvent manger à leur faim. Il me reste donc des choses qui ne peuvent me laisser tranquille et satisfait. J’espère bien continuer à m’investir à ma façon (car

En résumé, il ne faut pas prendre le réseau des écoles de brousse pour une oeuvre de charité quelconque. Il faut bien comprendre que c’est un total don de soi qui est demandé au missionnaire envoyé pour cette mission bien spécifique. Être apôtre pour les écoles de brousses demande un engagement total qui ne demande ni pause, ni vacances. Mais comme rien ne peut se faire sans la force que Dieu communique, la prière est indispensable et tout missionnaire ne se repose que sur Dieu qui commence et achève ce que l’humble serviteur en la personne du religieux ou du laïc ne peut réaliser par lui même. le Père Daniel me révélait l’autre soir le secret de toute visite de village en brousse : L’Esprit Saint prépare le chemin, nous ne faisons que récolter les fruits. Une citation à retenir s’il vous vient un jour à l’idée de rejoindre l’aventure dans le grand Sud de l’Île. Une dernière chose enfin : si la mission demande une grande part de renoncement et de solitude, elle est cependant soutenue par des communautés fraternelles où l’envoyé refait ses forces pour se lancer à nouveau sur les pistes à la rencontre du Christ pauvre pour l’avènement d’un royaume de justice et d’amour fondé sur la fraternité.

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