Je raconte pour vous quelques
éléments de ma vie de professeur d’informatique au collège à Ejeda. Commençons
par le matériel ! (C’est la moitié du travail en informatique le reste
étant la partie logicielle comme vous le savez bien). J’ai du bon matériel
grâce aux soutiens de deux sources bienfaitrices à savoir le réseau des
collèges assomptionnistes de Belgique et en particulier celui de Zepperen que j’ai
visité l’an dernier. Deuxièmement, Mireille et Bernard modérateurs de l’association
Solidarité Ejeda qui est implantée en région lyonnaise et qui récolte des fonds
grâce à un admirable concert au mois de Janvier à Ecully que je recommande pour
les amateurs de Jazz.
Evidemment, les conditions matérielles
d’un village de brousse ne sont pas à la hauteur de ce que peut espérer un prof
d’info en France. On fera donc le cours en petit comité (15 élèves par cours
maximum) et sans vidéoprojecteur ni Internet. Cela simplifie le travail et tant
mieux ! En effet, le niveau des élèves dont je m’occupe, c’est-à-dire de
la 5ème à la Terminale est extrêmement faible. Aucun élève n’a de
smartphone ni d’ordinateur à la maison ! l’utilisation de la souris est
maladroite, le mot « bureau » n’évoque rien, etc… J’ai donc fait le
choix de prendre le temps d’expliquer les termes fondamentaux la plupart du
temps en français. Et c’est là aussi la difficulté principale de l’enseignement
pour un francophone : le niveau de français est légèrement supérieur au
niveau d’informatique. C’est dire si je suis motivé pour apprendre le malgache !
Il faudra être patient et les 12 heures de cours par semaine qui me sont alloués
passent à une vitesse folle puisque je dois souvent répéter et vérifier que je
ne perds personne. Or, dans une classe de 70 élèves, comme c’est le cas en 5ème,
cela relève de l’exploit surtout devant des adolescents !
Mais voilà, le rythme ici n’est pas celui que je connais en France et il ne sert à rien de courir. Les choses arrivent d’elles-mêmes. Par exemple, à l’heure de la récréation, des élèves viennent frapper à la porte pour travailler tout seul leur sujet d’info. C’éti pas beau ça ? Alors oui, il y a des longueurs et beaucoup de chaleur en ce mois d’été qui commence (oui l’été c’est jusqu’au mois d’avril et ici les journées de canicules s’enchaînent et sont de plus en plus longues, Noël étant le jour le plus long de l’année). Patience donc et petit à petit, clic après clic, ces novices de l’outil informatique trouveront comment mettre à profit les connaissances acquises pour leur avenir professionnel. En tout cas, je ne mets aucune pression du fait que l’informatique n’est pas un cours du programme officiel. Et même si c’était le cas, je ne suis pas venu sauver le monde mais donner de mon temps et de ma personne à un projet plus grand que moi. Alors à chaque jour suffit sa peine et le lendemain prendra soin de lui-même (Matthieu 6,34).
à bientôt pour les nouvelles !