mercredi 27 novembre 2019

Quelques mots sur mon poste à Ejeda

Je raconte pour vous quelques éléments de ma vie de professeur d’informatique au collège à Ejeda. Commençons par le matériel ! (C’est la moitié du travail en informatique le reste étant la partie logicielle comme vous le savez bien). J’ai du bon matériel grâce aux soutiens de deux sources bienfaitrices à savoir le réseau des collèges assomptionnistes de Belgique et en particulier celui de Zepperen que j’ai visité l’an dernier. Deuxièmement, Mireille et Bernard modérateurs de l’association Solidarité Ejeda qui est implantée en région lyonnaise et qui récolte des fonds grâce à un admirable concert au mois de Janvier à Ecully que je recommande pour les amateurs de Jazz.

Evidemment, les conditions matérielles d’un village de brousse ne sont pas à la hauteur de ce que peut espérer un prof d’info en France. On fera donc le cours en petit comité (15 élèves par cours maximum) et sans vidéoprojecteur ni Internet. Cela simplifie le travail et tant mieux ! En effet, le niveau des élèves dont je m’occupe, c’est-à-dire de la 5ème à la Terminale est extrêmement faible. Aucun élève n’a de smartphone ni d’ordinateur à la maison ! l’utilisation de la souris est maladroite, le mot « bureau » n’évoque rien, etc… J’ai donc fait le choix de prendre le temps d’expliquer les termes fondamentaux la plupart du temps en français. Et c’est là aussi la difficulté principale de l’enseignement pour un francophone : le niveau de français est légèrement supérieur au niveau d’informatique. C’est dire si je suis motivé pour apprendre le malgache ! Il faudra être patient et les 12 heures de cours par semaine qui me sont alloués passent à une vitesse folle puisque je dois souvent répéter et vérifier que je ne perds personne. Or, dans une classe de 70 élèves, comme c’est le cas en 5ème, cela relève de l’exploit surtout devant des adolescents !



Mais voilà, le rythme ici n’est pas celui que je connais en France et il ne sert à rien de courir. Les choses arrivent d’elles-mêmes. Par exemple, à l’heure de la récréation, des élèves viennent frapper à la porte pour travailler tout seul leur sujet d’info. C’éti pas beau ça ? Alors oui, il y a des longueurs et beaucoup de chaleur en ce mois d’été qui commence (oui l’été c’est jusqu’au mois d’avril et ici les journées de canicules s’enchaînent et sont de plus en plus longues, Noël étant le jour le plus long de l’année). Patience donc et petit à petit, clic après clic, ces novices de l’outil informatique trouveront comment mettre à profit les connaissances acquises pour leur avenir professionnel. En tout cas, je ne mets aucune pression du fait que l’informatique n’est pas un cours du programme officiel. Et même si c’était le cas, je ne suis pas venu sauver le monde mais donner de mon temps et de ma personne à un projet plus grand que moi. Alors à chaque jour suffit sa peine et le lendemain prendra soin de lui-même (Matthieu 6,34).

à bientôt pour les nouvelles ! 

dimanche 10 novembre 2019

Après le long périple ( date 14 octobre 2019)

Les premiers jours 
Après le long périple de plus de 1300 km, me voici enfin arrivé sur le lieu de ma mission. Ejeda. Voici le lieu. Ce n’est pas ce que nous, européens, appellerions une ville. Ce qui fait allure de ville ici, c’est l’hôpital à l’entrée, les deux églises, l’une protestante et l’autre catholique sur la place centrale. Une école non loin et en fin de piste, le collège, dont l’architecture tranche avec les habitations du village très sommaires. La chaleur, le vent et les tas de poussières qu’il soulève, donne à Ejeda un décor digne des western spaghettis tournés en Espagne. Je ne m’étais pas trompé dans l’hypothèse de mon premier article « Ejeda, far west » Malgache. En effet, ici nous sommes vraiment « far » et vraiment « ouest ». Et même sud-ouest. Mon initiation à la langue malgache aura été utile car je peux déjà exprimer quelques réalités de terrain comme le travail, la nourriture, et d’autres aspects du quotidien. Par contre, le dialecte local freine un peu mon avancée car je découvre que les expressions que j’étais fier d’avoir appris ne me sont d’aucune utilité ici ! De toute façon, il me faudra trouver un professeur et un bon livre d’initiation pour apprendre correctement. Lorsque vous lirez cet article, vous saurez que j’ai quitté Ejeda pour Tulear ou une autre ville. En effet, point de wifi et mon portable ne reçois pour le moment aucune donnée cellulaire. Ce qui donne à mon aventure son aspect dépaysant. J’allais dire « enfin ». Mais il ne faut pas parler trop vite ! L’isolement n’est jamais loin parce que je ne parle pas la langue (juste ce qu’il faut pour les conversations à table ou dans la rue) et je suis le seul vazaha, ce qui veut dire « étranger ». Du coup, je fais l’animation quotidienne dès lors que je me montre en public. Or, comme je fais chaque jour deux allers retours de 15 minutes entre le collège et la communauté, c’est vite réglé ! tout le monde connaîtra mon nom dans deux ou trois jours !
le taxi brousse ! quelle joie d'être arrivé ! 

Environnement direct 
Mon point de référence reste donc la communauté assomptionniste où se trouve le « miam-miam » et le « dodo » même si ce dernier (aboiements, miaulement, vol de moustique au ras des oreilles, chat du coq au milieu de la nuit, plus lever à 5h oblige !) manque à ces longues journées sous le soleil. Nous sommes six frères à partager cette grande propriété au centre (ville ?). Chez nous on parle souvent boulot parce que nous sommes tous impliqués, d’une manière ou d’une autre dans la mission du collège. Romain est supérieur, Richard, le frère à tout faire, Denis, le plus jeune est à l’économat, et moi en pleine découverte de ce premier poste d’enseignant en informatique.

la dream team ! 

Je découvre donc ma mission d'éducateur et de professeur. Ici ce qui me paraît essentiel c'est d'abord la présence et l'écoute pour que, dans la confiance mutuelle, les élèves et moi-même avancions dans un même pas vers une bonne direction. Un peu maladroit dans ma façon de faire au départ, je commence à comprendre la bonne attitude éducative envers les élèves. Comme j'enseigne depuis la 5e jusqu'à la Terminale, je dois adopter un comportement différent en fonction de leur maturité. Il est fini le temps où je n'avais que les Louveteaux ! Il faut savoir parler aux ados, ici aussi ! Bref, je me découvre petit à petit un attrait certain pour l'enseignement selon la pédagogie propre de l'Assomption, c'est à dire : un esprit de famille, la recherche de l'excellence, le souci du plus faible et l'encouragement des plus forts. 

clic à gauche, clic à droite... 

Après quelques aléas au niveau de la santé, j'ai retrouvé la forme et je pense avoir passé le cap d'une certaine introduction à Madagascar. Une petite routine s'installe, ce qui est bon signe. Petit à petit, je travaille la langue parlée avec les habitants d'Ejeda, notamment les enfants du quartier avec qui je m'amuse beaucoup. Comme temps de ressourcement, j'utilise les moyens du bord : vers la fin de l'après-midi s'il ne fait pas trop chaud, je vais pédaler un peu dans la brousse, histoire de me sortir un peu du village. J'y rencontre des habitants surpris qu'un vazaha traîne par là. Or, le contact se passe bien surtout lorsqu'ils entendent de ma bouche un peu de malagasy local (ici on parle le patois mahafaly, c'est un peu comme l'occitan pour les français). Lorsque la nuit tombe, après la prière et le repas du soir qui réconforte d'une longue journée de travail sous le soleil, je regarde les infos locales et internationale grâce au satellite (France 24 et Canal +). Puis, j'ai du temps pour la lecture avant d'aller me coucher et essayer de dormir malgré un tapage nocturne fréquent. Mais, bon, l'homme s'habitue à toute condition de vie. J'espère en être un preuve vivante !

Pour approcher les gens, rien de tel qu'un petit sourire :)

Comment m'aider pour que des enfants aillent à l'école et donne à Madagascar de nouveaux espoirs ?

Maintenant que je suis en France, je ne stoppe pas mon action  pour les enfants de la Grande Île à avoir un accès à une éducation de qualité...