lundi 9 décembre 2019

"On ne sait pas ce qu'on va faire, mais on sait pourquoi...


Cette citation tirée de paroles d'une des stagiaires DCC cet été voudrait résumer ces lignes que j'ai écrites pour essayer de comprendre et mieux réfléchir ma mission à la lumière de l'histoire. A la racine de tout commencement il y a bien le "pourquoi ça a commencé" et ce qu'on peut faire avec ça ... 


Monseigneur Michel Canonne (1901-1911) est le premier assomptionniste à avoir assumé la charge épiscopale à l’heure où les religieux de la famille du Père d’Alzon s’étendaient dans le diocèse de Tuléar. Les Assomptionnistes sont arrivés dans le diocèse en 1953 pour y remplacer les lazaristes qui avaient déjà commencé la première évangélisation. Aujourd’hui, de nombreuses communautés chrétiennes ont vu le jour, non seulement à Tuléar mais dans tout le diocèse qui s’étend sur toute la région Sud-Ouest de la Grande Île. Les assomptionnistes ont donc largement contribué à l’établissement du Royaume de Dieu déjà-là et pas encore. Cette longue histoire se poursuit aujourd’hui par la mission dans les parties isolées du diocèse. C’est la mission dans la brousse dont la priorité est encore la première évangélisation. Rappelons ici qu’environ 40 % de la population malgache est chrétienne et se regroupent principalement dans les grandes villes dont Fianarantsoa est l’une des plus denses en termes de population catholique. Ainsi, la moisson est grande et les ouvriers sont peu nombreux. Pour diversifier les rayons d’actions de cette évangélisation, les religieux proposent en plus de l’animation de la vie paroissiale, noyau de toute communauté chrétienne (aurais-t-on tendance à l’oublier dans nos contrées européennes ?), des œuvres éducatives. Pourquoi ? Tout d’abord parce que l’éducation est une urgence à Madagascar. Mes observations compenseront peut-être quelques chiffres : chaque jour en me rendant à l’école, je vois bien que de nombreux enfants restent à la maison avec leurs parents par manque de moyen ou d’intérêt… le manque d’école est encore plus manifeste dans la brousse. C’est dans ce contexte qu’un réseau d’écoles de brousses a été créé et des professeurs formés spécialement pour la mission. En ce qui concerne le secondaire (collège-lycée), les mêmes difficultés s’appliquent en terme de moyens étatiques. A cela, il faut ajouter la question du niveau scolaire : plus on s’éloigne des centres urbains, plus le retard éducatif augmente. 


C’est dans ce contexte que le collège Monseigneur Michel Canonne a vu le jour en 2012. L’établissement assume franchement son cachet assomptionniste. Non seulement à cause du nom déjà cité plus haut, mais aussi en vue d’éduquer selon l’esprit de famille, d’excellence intellectuelle et de fraternité propre à la spiritualité des assomptionnistes depuis leur fondation dans un collège de Nîmes (devenu aujourd’hui collège Feuchères) en 1845. Le Père d’Alzon avait voulu donner à son premier collège la qualité d’un enseignement chrétien fidèle à sa tradition héritée des Pères de l’Eglise et à la fois ouvert sur son temps. Tout cela avait pour but de former des citoyens avertis, prêt à servir leur pays et contribuer à l’annonce de la Bonne Nouvelle dans un monde en plein bouleversement. A des milliers de kilomètres, les objectifs du collège sont sensiblement les mêmes. Evidemment, ici, tout élève motivé est accepté selon la quantité des places disponibles (le nombre ne cesse d’augmenter. Cette année 350 élèves collège et lycée compris pour une ville de 3000 hab.) qu’il soit chrétien ou non. Le collège défend le long combat d’une éducation de qualité là où les moyens matériels et financiers manquent. Les élèves doivent acheter eux même au collège leur matériel, histoire de les responsabiliser (même si les sommes ne peuvent être comparés avec les valeurs en France : un cahier = 0,30 cent € env.) Je pourrai citer d’autres exemples. Le but étant de rendre ces petits citoyens conscients que l’avenir est dans leur main. Cela étant dit, il nous faudra réfléchir plus tard sur l’égalité des chances entre les ruraux et les citadins dans cette vaste et grande Île où les inégalités sociales sont influencées en partie par les disparités géographiques.

Au final, je constate encore mon impuissance devant l'immensité de la tâche à accomplir. Ce que je fais, je ne sais jamais si ça prendra ou pas. En revanche, le fait que notre collège porte le nom de l'Assomptionniste qui a généreusement ouvert la mission à Madagascar est pour moi la confirmation qu'il est impératif de retrouver le goût d'aller vers l'autre (sans savoir la manière dont on sera accueilli). C'est bien ainsi que Dieu s'est avancé vers nous (sachant très bien que notre accueil ne serait pas le meilleur). Alors nous marchons modestement, certes, mais avec franchise, sur les pas de Celui qui se faisait le devoir d'aller dans les autres villages y porter Sa Voix et Sa Présence. Avec Jésus le Pourquoi s'est transformé en Pour QUI... Et ça change tout. Si vous partez un jour vous saurez toujours pour qui même si le pourquoi vous échappe... 

1 commentaire:

  1. Belle prise de recul que tu as et une invitation pour chacun à cheminer humblement mais sûrement. Amitié. Amaury

    RépondreSupprimer

Comment m'aider pour que des enfants aillent à l'école et donne à Madagascar de nouveaux espoirs ?

Maintenant que je suis en France, je ne stoppe pas mon action  pour les enfants de la Grande Île à avoir un accès à une éducation de qualité...