Cette citation tirée de paroles d'une des stagiaires DCC cet été voudrait résumer ces lignes que j'ai écrites pour essayer de comprendre et mieux réfléchir ma mission à la lumière de l'histoire. A la racine de tout commencement il y a bien le "pourquoi ça a commencé" et ce qu'on peut faire avec ça ...
Monseigneur Michel Canonne
(1901-1911) est le premier assomptionniste à avoir assumé la charge épiscopale
à l’heure où les religieux de la famille du Père d’Alzon s’étendaient dans le
diocèse de Tuléar. Les Assomptionnistes sont arrivés dans le diocèse en 1953
pour y remplacer les lazaristes qui avaient déjà commencé la première évangélisation.
Aujourd’hui, de nombreuses communautés chrétiennes ont vu le jour, non
seulement à Tuléar mais dans tout le diocèse qui s’étend sur toute la région
Sud-Ouest de la Grande Île. Les assomptionnistes ont donc largement contribué à
l’établissement du Royaume de Dieu déjà-là et pas encore. Cette longue histoire
se poursuit aujourd’hui par la mission dans les parties isolées du diocèse.
C’est la mission dans la brousse dont la priorité est encore la première
évangélisation. Rappelons ici qu’environ 40 % de la population malgache est
chrétienne et se regroupent principalement dans les grandes villes dont
Fianarantsoa est l’une des plus denses en termes de population catholique.
Ainsi, la moisson est grande et les ouvriers sont peu nombreux. Pour
diversifier les rayons d’actions de cette évangélisation, les religieux
proposent en plus de l’animation de la vie paroissiale, noyau de toute communauté
chrétienne (aurais-t-on tendance à l’oublier dans nos contrées
européennes ?), des œuvres éducatives. Pourquoi ? Tout d’abord parce
que l’éducation est une urgence à Madagascar. Mes observations compenseront
peut-être quelques chiffres : chaque jour en me rendant à l’école, je vois
bien que de nombreux enfants restent à la maison avec leurs parents par manque
de moyen ou d’intérêt… le manque d’école est encore plus manifeste dans la
brousse. C’est dans ce contexte qu’un réseau d’écoles de brousses a été créé et
des professeurs formés spécialement pour la mission. En ce qui concerne le
secondaire (collège-lycée), les mêmes difficultés s’appliquent en terme de
moyens étatiques. A cela, il faut ajouter la question du niveau scolaire :
plus on s’éloigne des centres urbains, plus le retard éducatif augmente.
C’est
dans ce contexte que le collège Monseigneur Michel Canonne a vu le jour en
2012. L’établissement assume franchement son cachet assomptionniste. Non
seulement à cause du nom déjà cité plus haut, mais aussi en vue d’éduquer selon
l’esprit de famille, d’excellence intellectuelle et de fraternité propre à la
spiritualité des assomptionnistes depuis leur fondation dans un collège de
Nîmes (devenu aujourd’hui collège Feuchères) en 1845. Le Père d’Alzon avait
voulu donner à son premier collège la qualité d’un enseignement chrétien fidèle
à sa tradition héritée des Pères de l’Eglise et à la fois ouvert sur son temps.
Tout cela avait pour but de former des citoyens avertis, prêt à servir leur
pays et contribuer à l’annonce de la Bonne Nouvelle dans un monde en plein
bouleversement. A des milliers de kilomètres, les objectifs du collège sont
sensiblement les mêmes. Evidemment, ici, tout élève motivé est accepté selon la
quantité des places disponibles (le nombre ne cesse d’augmenter. Cette année
350 élèves collège et lycée compris pour une ville de 3000 hab.) qu’il soit
chrétien ou non. Le collège défend le long combat d’une éducation de qualité là
où les moyens matériels et financiers manquent. Les élèves doivent acheter eux
même au collège leur matériel, histoire de les responsabiliser (même si les
sommes ne peuvent être comparés avec les valeurs en France : un cahier =
0,30 cent € env.) Je pourrai citer d’autres exemples. Le but étant de rendre
ces petits citoyens conscients que l’avenir est dans leur main. Cela étant dit,
il nous faudra réfléchir plus tard sur l’égalité des chances entre les ruraux
et les citadins dans cette vaste et grande Île où les inégalités sociales sont influencées
en partie par les disparités géographiques.
Au final, je constate encore mon impuissance devant l'immensité de la tâche à accomplir. Ce que je fais, je ne sais jamais si ça prendra ou pas. En revanche, le fait que notre collège porte le nom de l'Assomptionniste qui a généreusement ouvert la mission à Madagascar est pour moi la confirmation qu'il est impératif de retrouver le goût d'aller vers l'autre (sans savoir la manière dont on sera accueilli). C'est bien ainsi que Dieu s'est avancé vers nous (sachant très bien que notre accueil ne serait pas le meilleur). Alors nous marchons modestement, certes, mais avec franchise, sur les pas de Celui qui se faisait le devoir d'aller dans les autres villages y porter Sa Voix et Sa Présence. Avec Jésus le Pourquoi s'est transformé en Pour QUI... Et ça change tout. Si vous partez un jour vous saurez toujours pour qui même si le pourquoi vous échappe...
Belle prise de recul que tu as et une invitation pour chacun à cheminer humblement mais sûrement. Amitié. Amaury
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